Édition du jeudi 6 octobre 2005
Deux députés présentent un «livre noir de l'intercommunalité»
«La loi Chevènement est une grave source dinsécurité juridique car la frontière entre la compétence communale et la compétence intercommunale nest jamais clairement définie», estiment deux députés UMP, Patrick Beaudouin, maire de Saint-Mandé (Val de Marne) et Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson (Hauts de Seine) et vice-président de la communauté d'agglomération des Hauts de Bièvre.
Animant un groupe de travail informel de députés sur lintercommunalité, ils viennent de rendre public leur «livre noir de lintercommunalité» et se disent «à la fois inquiets et attentifs vis-à-vis de la tournure que prend lintercommunalité en France et notamment en région urbaine et périurbaine.»
A lissue de cette enquête (1), les deux députés constatent «que le coût (structurel et fiscal) de cette coopération dans les grandes villes et leur banlieue lemporte trop souvent sur les bénéfices supposés de la mutualisation.»
Le constat est plus que sévère: «fiscalité mal maîtrisée», «absence trop fréquente déconomies déchelle», «doublons de poste», «coquilles vides remplies artificiellement par une communication excessive», «intercommunalités daubaine sans projet concret», etc.
Pour eux, lessor rapide de lintercommunalité sous limpulsion de la loi Chevènement a «précipité ces structures, depuis 1999, sans permettre de résoudre la question de leur lisibilité fiscale, administrative et politique.»
Les maires interrogés dans lenquête ne souhaiteraient pas perdre cet «instrument de mutualisation des moyens». Mais ils appelleraient de leurs voeux une «remise à plat dun mécanisme que beaucoup jugent trop pesant et dune mise en oeuvre trop peu satisfaisante.»
Selon les auteurs, lintercommunalité est surtout «insuffisamment au service de la commune urbaine ou périurbaine et maintient une incertitude menaçante sur son avenir.»
Proposant un «véritable projet de vie en commun» comme préalable à toute constitution dintercommunalité, les députés propose également de clarifier de la notion dintérêt communautaire en cessant tout ajournement de sa définition et en engageant un processus législatif de clarification de celle-ci.
«Labsence ou la complexité du processus de retrait dune lintercommunalité est également une contrainte forte pour les communes. Nous proposons donc quune commune puisse présenter à tout moment son retrait à lorgane délibérant de lintercommunalité.»
Parmi leurs propositions, ils souhaitent notamment:
- améliorer la «transparence financière»;
- rationaliser les transferts de personnel;
- limiter les dotations dEtat aux seuls investissements et non aux dépenses de fonctionnement;
- accorder une préférence aux communes qui ont fait des efforts importants, ou qui ont un taux de logement social très important, par rapport à lensemble des autres communes membres;
- pondérer le critère «population» pour déterminer la répartition des sièges au sein dun conseil communautaire par limportance de lorigine des recettes fiscales de la future structure intercommunale;
- doter chaque commune dun droit de veto lorsquun projet se situera sur son seul territoire.
(1) Ces conclusions sont dressées au terme dune enquête auprès de 250 maires dans 19 départements métropolitains (Alpes Maritimes, Aveyron, Cantal, Finistère, Gard, Gironde, Ille et Vilaine, Isère, Nord, Pas-de-Calais, Puy-de-Dôme, Haut-Rhin, Rhône, Saône et Loire, Seine Maritime, Seine et Marne, Yvelines, Val de Marne, Val dOise), avec 33% de réponses.<s
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